BRESIL (suite ?)

jeudi 20 juin 2019

Le Tribunal fédéral suprême brésilien a décidé jeudi de criminaliser l'homophobie et la transphobie. Une avancée qui va à rebours des positions du président Jair Bolsonaro.
 
Au Brésil, les juges criminalisent les actes anti-LGBT
Un à trois ans de prison. C’est la peine qu’encourent aujourd’hui les Brésiliens pour comportements anti-LGBT. Le Tribunal fédéral suprême brésilien, plus haute instance juridique du pays, a voté jeudi une loi pour la criminalisation de l’homophobie et de la transphobie, désormais punies au même titre que les actes racistes. Cette décision divise la société brésilienne où les lois en faveur des personnes LGBT bousculent les valeurs conservatrices.

Approuvée par huit voix contre trois, la décision a provoqué des troubles au Congrès national qui s’est senti dépossédé de ses prérogatives. «La Constitution attribue au Congrès national la capacité de légiférer», rappelle un communiqué de la présidence du Parlement. Ricardo Lewandowski, un des juges de la Cour suprême justifie son vote contre la loi par le fait que «seul le Parlement peut légiférer sur le pénal».

«L’homophobie est profondément institutionnalisée dans mon pays», témoigne Linda, une femme transsexuelle brésilienne réfugiée en France. Bien que l’union civile entre personnes du même sexe est autorisée depuis 2013, et l’adoption depuis 2010, le Brésil totalise le plus grand nombre d’assassinats de personnes LGBT au monde. L’ONG Grupo Gay de Bahia, créée il y a plus de quarante ans, a recensé 387 meurtres et 58 suicides en 2017. La loi criminalisant les discriminations envers les personnes LGBT est vue comme une décision historique.

Depuis jeudi, les réactions à propos du vote sont très enthousiastes. Le député fédéral brésilien David Miranda, qui affiche ouvertement son homosexualité, s’est réjoui de la décision de justice en écrivant en lettre majuscule sur Twitter : «La LGBT-phobie est maintenant un crime !» Une victoire pour Miranda, remplaçant de l’ex-député Jean Wyllys qui avait fui le pays pour échapper à des menaces de mort en raison de son orientation sexuelle. De son côté, Linda émet des réserves : «Cela ne va rien changer. La loi ne sert à rien si derrière l’Etat n’éduque pas les citoyens à ces questions.»

La décision de la Cour suprême intervient après l’élection à la présidence du très homophobe, et «très fier» de l’être, Jair Bolsonaro, en janvier. Il livre une guerre sans pitié aux minorités sexuelles qui, selon lui, devraient «s’intégrer ou tout simplement disparaître» comme il l’avait évoqué lors d’un discours en février 2016 dans la ville de Campina Grande.

L’observatoire de la démocratie brésilienne de l’association Autres explique que dès l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir, «les questions de genre et d’identité sexuelle ont été traitées par la simple suppression des institutions représentant leurs intérêts». Linda confirme que l’homophobie était déjà «normalisée au Brésil, le discours du nouveau président n’a fait que la renforcer».

Caroline Protat

publié le jeudi 20 juin 2019

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